Sélectionner une page

Découvrez le jardin de Hama-rikyu au coeur de Tokyo, ancienne résidence féodale et impériale témoin de l’époque d’Edo, où se côtoient des étangs régis par la marée, des maisons de thé traditionnelles et de nombreuses espèces de fleurs, d’oiseaux et de poissons en liberté. Il a été classé « site à la beauté exceptionnelle du paysage » au Japon.

Une promenade bucolique au milieu de la nature

Si vous entrez dans le jardin par le pont Otemon-bashi (entrée nord), sur votre gauche, vous serez accueilli par le majestueux pin noir tricentenaire Sanhyakunen-no-matsu, planté durant les rénovations entreprises par Tokugawa Ienobu (6e shogun du shogunat Tokugawa) en 1709. C’est le plus large et probablement le plus vieux pin noir de Tokyo. En traversant le prochain pont, sur votre gauche, vous pourrez admirer la rivière Tsukiji dont les quais accueillent les fameux marchés aux poissons. Sur votre droite, les champ de pivoines et parterres de fleurs fleuriront tout le long de l’année. Vous pourrez y découvrir près de 800 espèces de plantes dont 60 de pivoines.

Vous pourrez ensuite continuer votre visite en remontant le long des différents étangs. Au sud-est du parc, un petit chemin pavé vous mènera en haut de la colline Mont Fujimi. Autrefois le plus haut point du jardin, elle fut appelée ainsi parce qu’il était possible d’y contempler le Mont Fuji lors des jours dégagés. De nos jours, la pollution et la hauteur des buildings ne le permet plus.

Ce contraste saisissant entre le jardin, les maisons de thé de l’époque Edo et la modernité des tours de Shiodome, le quartier business de Tokyo longeant Hama-rikyu, constitue la majeure partie des photos prises par les touristes.

Hama-rikyu
Hama-rikyu
Photo par hamarikyugarden

Enfin, sachez que le jardin est aussi beau au printemps qu’en hiver : n’hésitez pas à le visiter à toutes les saisons !

Une pause traditions et douceurs sucrées dans le salon de thé de Hama-rikyu

Il existe, au coeur du jardin de Hama-rikyu, pas moins de 4 salons de thé, dont un seul est encore en service aujourd’hui. Ce dernier se trouve au centre de l’étang Shioiri-no-ike, sur la petite île Nakajima, et est accessible par trois ponts de bois. Ce salon de thé s’appelle tout naturellement Nakajima-no-ochaya (« le salon de thé de Nakajima »).

À l’époque de sa construction, en 1707, elle servait à la noblesse d’Edo et aux invités prestigieux de lieu de relaxation et de contemplation de l’océan, loin du bruit de la ville. Les généraux et les épouses contemplaient le paysage depuis la pièce décorée de meubles précieux et écrivaient des poèmes waka (poésie d’expression japonaise, sans rimes, composée de segments de 5 à 7 mores). C’est aussi le lieu où le 18e président des États-Unis, le général Grant, et l’empereur Meiji se sont rencontrés en 1879. Elle fut détruite en 1724 et 1944, et restaurée en 1983 en son état d’origine.

Vous pourrez y déguster du thé au matcha et des friandises traditionnelles Namagashi pour 500 yens (~4€). Les confiseries changent tous les mois et au fil des saisons.

Vous pourrez également admirer trois autres maisons de thé, elles aussi restaurées après leur destruction :

  • Matsu-no-ochaya (« le salon de thé des pins »), entourée de pins et aux motifs dessinés sur les portes coulissantes en papier de riz (shōji). Elle a été détruite en 1944 et reconstruite en 2010.
  • Tsubame-no-ochaya (« le salon de thé de l’hirondelle »), détruite en 1944 et reconstruite en 2015.
  • Taka-no-ochaya (« le salon de thé des faucons »), reconstruite en 2018.

Si vous êtes un adepte des cadeaux-souvenirs, le jardin vous offre aussi la possibilité de repartir, selon les arrivages de la boutique, avec un marque-page en bambou ou encore un bun à la pâte de sésame en forme d’Amabie, un yokai de l’eau possédant trois jambes, des écailles et de longs cheveux et censé protéger des épidémies. Il est particulièrement populaire en période de covid.

Les origines du jardin de Hama-rikyu

À l’origine, ce jardin n’était qu’une zone marécageuse proche de la baie de Tokyo qui abritait deux cabanes pour la chasse aux canards. Le premier aménagement du terrain sera ordonné en 1654 par Tsunashige Matsudaira (seigneur de Kofu), le frère cadet de Ietsuna Tokugawa (4e shogun du shogunat Tokugawa), afin d’offrir aux daimyos en visite à Edo une résidence et un jardin d’apparat. Il sera appelé Kōfu Hama-yashiki (le pavillon de plage de Kōfu). Brûlés en 1725 lors d’un grave incendie, le jardin et ses bâtiments seront progressivement reconstruits par les shoguns successifs qui y établiront différentes maisons de thé. C’est sous le shogunat de Ienari Tokugawa (11e shogun du shogunat Tokugawa) que le jardin de Hama-rikyu prendra sa forme actuelle.

À partir de 1867 et dans les années qui suivront, le domaine passera successivement au ministère de la Marine, au ministère des Affaires étrangères (où il prendra son nom définitif de Hama-rikyu, soit « palais isolé de la plage » et servira à l’accueil de dignitaires étrangers), puis sera détruit en 1889 à cause de son mauvais état. Le domaine passera plus tard sous le contrôle direct de la maison impériale, qui elle-même le cédera à la ville de Tokyo après le tremblement de terre de Kantō en 1923 et les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Il rouvrira au public le 1er avril 1946.

Les étangs, les marées et la chasse au canard de Hama-rikyu

Le jardin de Hama-rikyu est le seul de la ville à posséder encore un bassin d’eau de mer, et l’un des rares de tout le Japon à avoir conservé son état d’origine. L’étang principal Shioiri-no-ike (« lagune de la marée montante ») est en effet relié à la mer par l’écluse Yokobori et est donc empli de sel et sujet aux changements de la marée de la baie de Tokyo. Il abrite de nombreuses espèces de poissons telles que le mulet noir, le mulet rayé, des crabes, certains bars de mer, ainsi que des anguilles et des gobies.

En dehors de l’étang principal, il existe également deux étangs artificiels (Kamoba), non reliés à la mer : ceux-ci furent construits exclusivement pour la chasse aux filets des canards, un loisir fort apprécié parmi les membres de l’élite tokyoïte à l’époque d’Edo. Le premier, Koshindo, fut construit en 1778, et le deuxième, Shinsen-za, en 1791. Au centre de chacun des étangs se tient une petite zone de terre à la végétation dense, idéale pour la nidification. L’eau autour de ces îles protégeait les canards des chats, tandis que les arbres, bambous et roseaux plantés sur les rives empêchaient les faucons élevés par les membres de la famille Shogunale de dévorer les canetons.

La chasse aux canards était plutôt simple et ne nécessitait qu’un peu de patience, du riz et des canards apprivoisés. Tout autour de l’étang, de longs et étroits canaux d’eaux (hikibori) se déployaient par douzaine et se terminaient en cul-de-sac sur une berge en terre cuite (ko-nozoki) derrière laquelle s’abritaient les chasseurs. Une mince ouverture permettait de répandre du riz dans l’eau et, avec l’aide d’un outil en bois, on battait en rythme contre l’abri afin d’appeler les canards apprivoisés jusqu’au bout de l’hikibori. Ces canards n’étaient que des leurres et servaient à attirer les canards sauvages : ceux-ci suivaient alors leurs congénères jusqu’au bout du canal avant d’être capturés au filet. Les canards apprivoisés, eux, étaient relâchés dans l’étang pour la prochaine chasse.

Afin de calmer l’esprit des nombreux canards tués, on érigea une tombe commémorative (kamozuka) en 1935.

Quelques autres curiosités de Hama-rikyu et points d’intérêt

Les employés du jardin prennent grand soin de son entretien, ce qui peut parfois vous amener à rencontrer de drôles d’installations.

Les cordes tirées en forme de cône au-dessus des arbres, par exemple, servent à protéger leurs branches afin qu’elles ne cassent pas sous le poids de la neige ou de la pluie.

Vous pourrez également apercevoir des installations en nattes de bambou autour des troncs (« komomako ») qui, elles, permettent d’attirer les nuisibles en leur offrant un cocon chaud pour l’hiver… et, le printemps venu, de s’en débarrasser avant qu’ils ne puissent s’attaquer aux arbres et aux plantes.

Durant votre visite, ne manquez pas non plus de visiter le sanctuaire Kyu-Inabu qui se trouve juste après les parterres de fleurs, construit en 1895 et rénové en 2005.

Alors, qu’est-ce qui vous attire le plus au jardin de Hama-rikyu ? Son paysage naturel ? Ses étangs ? Son histoire ? Ou bien la perspective de déguster un thé matcha avec vue sur tout le jardin ? Dites-le moi en commentaire 😉

Informations pratiques pour visiter le jardin de Hama-rikyu

Attention, ces informations sont susceptibles de changer, n’oubliez pas de les vérifier directement sur le site officiel du jardin.

Application officielle
Pour un guide en temps réel, vous pouvez télécharger l’application Tokyo Park Navi :
https://www.tokyo-park.or.jp/special/tokyoparksnavi/index.html

Heures d’ouverture
9h-17h (entrée jusqu’à 16h30)

Jours de fermeture
Fin d’année / Nouvel An (29 décembre-1er janvier de l’année suivante)

Frais d’admission
Prix de base : 300 yens (~2,35€)
65 ans et plus : 150 yens (~1,15€)
Gratuit pour les élèves fréquentant l’école à Tokyo (les enfants de moins de 12 ans doivent être accompagnés d’un tuteur)
Gratuit pour les détenteurs de certains passeports handicaps, à vérifier sur le site.

Groupes de 20 personnes ou plus : 240 yens par personne (~1,90€)
Groupes de 20 personnes ou plus (65 ans et plus) : 120 yens par personne (~1€)

Entrée gratuite pour tous : Journée de la verdure (4 mai), Tokyo Citizen’s Day (1er octobre)

Billet commun pour les Jardins Hama-Rikyu et Kyu Shiba-Rikyu
Sans date d’expiration, ce billet permet de visiter les deux jardins qui se trouvent à 15 minutes à pieds l’un de l’autre.

Prix de base : 400 yens (~3,15€)
65 ans et plus : 200 yens (~1,60€)

Guide touristique gratuit
En japonais : Les samedis / dimanches / jours fériés: 11h00 et 14h00
En anglais : Samedi / Lundi: 11h00

Visite guidée gratuite des ochayas
Le guide vous expliquera l’histoire du jardin et le charme du salon de thé Matsu-no-ochaya et Tsubame-no-ochaya », dans lesquels vous ne pouvez normalement pas entrer.
Jeudi: 11h00, 12h00, 13h00, 14h00

Comment y accéder ?

Par métro :

Pour arriver à l’entrée Otemon :

- Métro Toei, Ligne Oedo, arrêt E18 "Tsukiji Ichiba" ou E19 "Shiodome" : 7 minutes à pied
- Métro Yurikamome, arrêt U02 "Shiodome" : 7 minutes à pied
- Tokyo Métro, Ligne Ginza, arrêt G08 "Shimbashi" : 12 minutes à pied
- Métro Toei, Ligne Asakusa, arrêt A10 "Shimbashi" : 12 minutes à pied

Pour arriver à l’entrée Nakano-gomon :

- Métro Toei, Ligne Oedo, arrêt E19 "Shiodome" : 7 minutes à pied
- Gare de Hamamatsuchō (JR pass) : 15 minutes à pied, recommandé pour les personnes avec poussettes et fauteuils roulants

Par bateau :

- Départ du bâteau-bus : Ligne Sumidagawa, départ "Asakusa" / Arrivée : "Hamarikyu".
Tarifs :  1 040 yen (Enfants 400 yen). Ce tarif comprend les entrées au jardin.

Par voiture :

- Pour les personnes handicapées, vous pouvez vous garer sur le parking proche de l'entrée Otemon.
- Pour les autres personnes véhiculées, veuillez utiliser un parking public ; le plus proche est celui de Shiodome. Consultez les informations sur le parking ici.

Coordonnées

Téléphone : (+81) 03-3541-0200
1-1 Hamarikyuteien, Chuo City, Tokyo 104-0046, Japon

[travelers-map centered_on_this=true]

Références

https://culturejaponaise.info/documents/waka/waka.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardin_Hama-riky%C5%AB
https://yamasa.org/japan/english/destinations/tokyo/hamarikyuu.html
https://www.lefigaro.fr/culture/amabie-une-etrange-creature-surgie-des-eaux-revient-pour-proteger-les-japonais-du-covid-19-20200517
https://twitter.com/hamarikyugarden

Image d’illustration principale de l’article par @shinonk