Au nord-ouest de Kyoto se trouve un village pas comme les autres : le Daitoku-ji, un grand complexe bouddhiste, entièrement composé d’une vingtaine de temples secondaires et appartenant à l’école zen Rizai (l’une des trois écoles du bouddhisme zen japonais) ! Seulement 4 d’entre eux ouvrent leurs portes au public contre une modeste somme pour une visite sereine, entre trésors bouddhistes et jardins zen…
L’histoire du Daitoku-ji
Construit en 1319 par Daito Kukushi, le Daitoku-ji était à l’époque fréquente par les empereurs Hanazono et Go-daigo. Il fut partiellement détruit lors de la guerre d’Onin (1467-1477), puis reconstruit grâce aux donations généreuses de marchands et seigneurs féodaux (= daimyo) qui, en retour, établirent leurs résidences secondaires au sein du complexe.
Les temples visitables et leurs trésors
Il existe quatre temples secondaires au sein du Daitoku-ji dont les portes sont ouvertes au public : Daisen-in, Ryogen-in, Zuiho-in et Koto-in.
Daisen-in
Le temple principal Daisen-in (« l’école du grand ermite« ) est classé Trésor national du Japon et comporte un jardin de pierre (= karesansui) très réputé datant de la fin de la période Muromachi. On dit que le moine bouddhiste Takuan y aurait enseigné les principes du kendo à Musashi Miyamoto. Il est, encore aujourd’hui, utilisé comme lieu de prières, et des leçons de méditation peuvent être tenues sur demande auprès des touristes en visite au Daitoku-ji.
Le jardin zen, lui, entoure tout le bâtiment. Il est divisé en quatre parties qui représentent chacune un paysage différent :
- Le fleuve de la vie, symbole de toutes les étapes de la vie d’un Homme.
- La tortue et le bateau du trésor, le plus petit des quatre jardins.
- La mer intérieure du Japon
- Le grand océan, autrement dit l’océan pacifique, représenté avec deux montagnes et l’arbre où Bouddha trouva la voie de la sagesse. Ce jardin zen est propice à la méditation.
Ryogen-in
Temple Ryogen-in par Kevin Yank Intérieur du temple Ryogen-in par Patrick Vierthaler Jardin du temple Ryogen-in par Patrick Vierthaler
Le temple Ryogen-in, construit en 1502, est le plus ancien du complexe de Daitoku-ji et est considéré comme le plus vieux modèle de pavillon Zen du Japon. Cinq jardins l’entourent, dont les aménagements sont attribués à Shinso Soami. L’un d’entre eux, le Totekiko, est présenté comme le plus petit jardin sec du Japon, tandis que le Ryogin-tei est le plus ancien jardin zen de Daitoku-ji.
Zuiho-in
Le temple Zuiho-in par Tetsuhiro Terada Allée du temple Zuiho-in par Chris Gladys Jardin zen du temple Zuiho-in par Chris Gladys
Le temple Zuiho-in fut construit en 1546 par le daimyo Otomo, l’un des premiers chrétiens du Japon. Il s’agissait alors du temple de sa famille, et il y fut enterré avec sa femme. La plus grande partie de l’édifice est d’époque, puisqu’il fut érigé après la guerre d’Onin. C’est l’architecte jardinier Shigemori Mirei qui, lors de la création du jardin en 1961, disposa les rochers en forme de croix en l’honneur d’Otomo.
Le jardin principal s’appelle Dokuza-tei (« Le jardin où l’on s’asseoit seul ») et fait référence à une île de la mythologie taoïste. L’un des rochers représente le mont Horai-Zan (« la montagne des bénis »), niché dans l’un coin de la mer de graviers.
Koto-in
Intérieur du temple Koto-in par Rosewoman Jardin d’érables japonais du temple Koto-in par Patrick Vierthaler Détail du temple Koto-in par Kimon Berlin
Ce dernier jardin zen de Daitoku-ji, le Koto-in, fut construit en 1601 et se démarque des autres par sa végétation emplie de momijis, ces érables japonais dont les feuilles rougeoient à l’automne. On y trouvera également des bambous et des pins, le tout accompagné de longues allées couvertes d’une mousse d’un vert ardent.
À l’intérieur, le temple abrite la tombe de Hosokawa Tadaoki, son fondateur, connu pour avoir été le disciple du maître de thé Sen no Rikyu ; c’est lui qui aurait développé la cérémonie du thé de style wabi, très estimé par de grandes figures historiques telles que Oda Nobunaga et Toyomi Hideyoshi.
Le Daitoku-ji, un village de temples qui se découvre à toutes les saisons…
Alors, lequel de ces quatre temples du Daitoku-ji vous a le plus donné envie de le visiter, et à quelle saison aimeriez-vous découvrir leur jardin ? 😉 En hiver pour un paysage d’un blanc pur, en automne pour les momijis éclatants du Koto-in, ou encore durant la saison douce où la nature sort de son sommeil ? Nul doute qu’en ces lieux, peu importe le moment de votre voyage, vous trouverez de quoi vous ressourcer et méditer avant de reprendre votre route…
PS : n’oubliez pas qu’il est possible de déguster un thé à l’intérieur des temples ou de demander un guide touristique !
Vous pouvez également relire notre article sur la distinction entre temples bouddhistes et sanctuaires shintoïstes afin de repérer les éléments caractéristiques de chacun des temples 😉
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