Le Shintoïsme et le Bouddhisme sont les deux religions principales du Japon : une étude de l’Agence pour les Affaires culturelles du Ministère de l’Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et des Technologies japonais établie en 2015 que 67% de la population japonaise est shintoïste et 69% est bouddhiste, la majorité des habitants pratiquant les deux religions à la fois. Leurs temples et sanctuaires se retrouvent sur tout le territoire et les japonais s’y rendent régulièrement à l’occasion de leurs fêtes traditionnelles, pour prier ou simplement se recueillir. Une même personne peut, par exemple, célébrer le nouvel an japonais dans un sanctuaire shinto et se rendre à des funérailles au sein d’un temple bouddhiste. Ces deux religions, bien que complémentaires dans la vie quotidienne des habitants, sont pourtant bien distinctes et n’ont (presque) rien en commun. Alors, comment différencier leurs lieux de culte ?
Religion native et religion importée
La religion originelle du Japon, le Shintoïsme, est si ancienne que même les historiens ne peuvent la dater correctement. On note son apparition entre -13 000 et -400 av. JC, durant la période Jomon. Le bouddhisme, lui, a été importé par la Chine au VIème siècle et s’intégra rapidement à la culture locale, notamment grâce aux écoles et temples érigés par de puissants clans durant la période Yamato (250-710) et Nara (710-994).
Une ou plusieurs divinités
Le shintoïsme
Il s’agit d’une religion polythéiste (= plusieurs dieux) et animiste (= la croyance qu’une force vitale anime tous les êtres vivants, humains comme animaux, mais aussi les objets et les éléments naturels tels que les arbres ou le vent). On considère que ces forces vitales se manifestent sous forme d’esprits appelés Kami (= divinité). La nature tient un rôle sacré particulièrement important où l’Homme n’est qu’un maillon de l’univers, le grand Tout.
Corde shimenawa Lanternes toro Sanctuaire Tomioka Hachimangu
Le bouddhisme
Bien que possédant lui aussi plusieurs divinités et refusant la notion de Dieu créateur, le bouddhisme est souvent considérée comme une religion monothéiste, liée à la vénération du Bouddha historique. La pratique du bouddhisme implique de la méditation, des rituels religieux, des codes éthiques (ne pas mentir, voler, trahir etc) ainsi qu’une philosophie de vie devant mener à « l’éveil », autrement dit la cessation du cycle des réincarnations. Le bouddhisme prône la bienveillance, la compassion, l’altruisme et la sagesse.
Lampes à prières Temple bouddhiste Ginkaku-ji Statues bouddhistes
L’architecture intérieure et extérieure des édifices
Bon, très bien, me direz-vous… Mais en voyage au Japon, comment reconnaître les édifices que vous visitez ? Quels sont les signes qui permettent de vous dire à coup sûr « Ah ! Je me trouve dans un temple bouddhiste… ou un sanctuaire shinto » ! Eh bien, ce n’est pas si compliqué, laissez-moi vous montrer 😉
Les sanctuaires shinto
Les sanctuaires shinto possèdent tous, à leur entrée, un portail torii (= littéralement « là où sont les oiseaux ») fait de bois ou de pierre et souvent peint en rouge, érigés afin de séparer l’enceinte sacrée de l’environnement profane (le monde extérieur). Il conviendra toujours de traverser le torii (1) pour accéder au sanctuaire sous peine d’offenser le kami qui y est vénéré. Après le torii se trouveront la plupart du temps un escalier suivi d’une longue allée bordée de lanternes (« tōrō« )(5). C’est à ce niveau que se trouve le chōzuya (4), un bassin d’eau couvert utilisé pour se purifier. Un peu plus loin, vous pourrez acheter des plaques votives (7) et autres éléments de prières dans un petit bâtiment.
Plan d’un sanctuaire shinto
Travail personnel par wikiwikiyarouPrêtre shinto Plaques votives
En fin d’allée, vous accéderez au haiden (11), le bâtiment de culte du sanctuaire, qui constitue le lieu de rassemblement pour les cérémonies. Un couloir reliera ensuite le haiden au honden (13), le bâtiment principal plus petit et entouré d’une barrière qui. Le honden est strictement réservé au kami. Ces deux édifices sont souvent gardés par des statues d’animaux tels que des renards, des sangliers ou des chiens (« shinsi ») ou par un animal fantastique, croisement du lion et du chien (« komainu »).
D’autres signes reconnaissables que l’on peut trouver à l’intérieur des sanctuaires sont les cordes en paille de riz (« shimenawa ») et les bandes de papier pliées en zigzag (« gohei »).
Corde shimenawa Papier plié gohei
Photo par Nnh
Les temples bouddhistes
Contrairement aux sanctuaires, l’entrée des temples bouddhistes est caractérisée par la présence de deux portes successives. La première est appelée Sōmon (porte extérieure) et la seconde, Sanmon, sépare le Sōmon du Butsuden (« hall de Bouddha »), autrement dit le hall principal.
Ces portes peuvent être de style rōmon ou nijūmon et se composeront d’un ou plusieurs étages (généralement deux). Les portes rōmon possèdent une terrasse sans toit qui reste inaccessible, tandis que les portes nijūmon possèdent un étage accessible par des escaliers et protégé par un toit supplémentaire.
Porte romon Porte nijumon
La taille du sanmon est un signe de l’importance d’un temple ; plus il est grand et possède des étages, des portes et des baies (= unité de mesure traditionnel utilisant les intervalles entre les piliers des édifices, aussi appelé « ken »), plus son statut est élevé. Les temples sont ainsi désignés comme de premier (5×2 baies), deuxième (3×2 baies) ou troisième rang (1×2 baies), le premier rang étant le plus haut statut.
Les temples de premier rang posséderont également trois passages sans battant, appelées kūmon, et permettant aux pèlerins qui les traversent de se libérer des trois passions négatives : la cupidité (« ton »), la haine (« shin ») et la bêtise (« chi »). Les temples de deuxième et troisième rang ne possèdent qu’une seule porte.

Sur les baies extérieures et les étages supérieurs, les temples de premier et deuxième rang abritent généralement des statues de Shakyamuni ou de la déesse Kannon et des seize Rakan, ainsi que des statues des niō (= gardiens chargés de repousser les esprits), et accueille des cérémonies religieuses périodiques.
Statues nio au temple Zentsuji Encensoir au temple Jindeng
D’autres éléments caractéristiques des temples bouddhistes sont les grands encensoirs, les clochers (« shōrō »), les diverses statues des divinités bouddhistes, et bien sur les pagodes (« tō »). Elles comportent trois ou cinq étages et sont facilement reconnaissables grâce à leur gigantesque toit incurvé qui prend la moitié de la taille des édifices. On peut aussi noter que les temples sont presque entièrement construit en bois sous toutes ses formes. L’utilisation de la pierre est réservée aux fondations des temples et des pagodes.
Les temples bouddhistes sont aussi souvent munis de jardins zen et de cimetières. De plus, les temples ne sont pas des lieux de culte, mais principalement des monastères chargés de conserver des objets sacrés et d’instruire ses adeptes ; les rassemblements religieux avec beaucoup de participants sont rares et se tiendront alors à l’extérieur.
Pagode d’ichijo-ji à trois étages Pagode de Zentsu-ji à cinq étages
Les terminaisons linguistiques
Enfin, si un doute subsiste, vous pourrez tout simplement vous référez au nom !
Pour les sanctuaires shinto, les noms les plus terminaisons ou noms les plus communs sont « jinja« , « taisha« , « jingu » ou simplement « gu« .
Quant aux temples bouddhistes, les terminaisons utilisées seront « dera« , « ji » ou « in« .
Ça y est, vous êtes prêt.e à différencier les temples bouddhistes des sanctuaires shinto ! Là, tout de suite, quel est le premier élément qui vous revient en tête pour ne plus jamais les confondre ? N’hésitez pas à le partager en commentaire !
Références
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sanctuaire_shinto
https://fr.wikipedia.org/wiki/Temples_bouddhistes_au_Japon
https://www.fascinant-japon.com/shinto-sanctuaire-architecture/
https://au-coeur-du-japon.com/blogs/blog-japon/5-differences-entre-le-shintoisme-et-le-bouddhisme
https://matcha-jp.com/en/822
Pour l’instant, mon article préféré !
Perso j’ai toujours été plus attiré par le shintoïsme que par le bouddhisme (même si j’ai un petit faible pour les pagodes). Le fait de voir qu’il y a une telle différence d’architecture et d’aménagement rend vraiment les choses simples pour différencier un sanctuaire d’un temple.
C’est bien aussi des préciser que les temples font plus office de lieux où garder des objets sacrés/trésor qu’un lieu de culte traditionnel.
J’ai cette même attirance/préférence que toi envers le shintoïsme ! Il faudra que je fasse un article plus détaille là-dessus… 🙂